Assemblée Protestante Evangélique du Trièves
 
 
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Histoire - Felix Neff et le Trièves

Neff arrive à Mens le 28 décembre 1821 où, en l'absence du pasteur Raoux, il travaille avec son collègue Aimé Blanc. Il pensait y trouver une paroisse dont les habitants, de mœurs plus simples, seraient, au moins par tradition, plus attachés à la foi chrétienne que ceux de Grenoble. Les auditoires étaient considérables (environ douze cents personnes) mais, pour Félix Neff : « Tout ce beau monde est mort. » Son opinion sur son collègue est d’ailleurs semblable : « Blanc à mon avis, quoique très orthodoxe, bon enfant et même très zélé, dort encore de toutes ses forces dans le protestantisme ».

Très rapidement il doute fort de pouvoir rester à Mens car les Suisses ont écrit au pasteur et au Consistoire pour les mettre en garde contre son enseignement et ses méthodes. Félix Neff ne se décourage pas et se met à l’œuvre avec zèle, allant jusqu’à apprendre le patois pour se faire comprendre de son auditoire. Bientôt le Réveil éclate dans toutes les paroisses, surtout parmi les jeunes et Félix Neff écrit : « J'ai vu du réveil dans deux communes qui jusqu'ici avaient dormi du plus profond sommeil » . Le pasteur titulaire étant revenu, la plupart des chefs de famille s’adressent au Consistoire pour lui demander de retenir Félix Neff comme pasteur catéchiste, s'offrant de le payer de leurs deniers, ce que ledit Consistoire accepte le 11 juin 1822. Pendant l’absence du pasteur titulaire, Neff a vécu en parfaite harmonie avec son collègue Blanc, qu’il a su attirer insensiblement dans ses vues, mais le pasteur Raoux qui était de retour, n'aime pas les « mystiques de Genève, les novateurs » et il reproche à Neff les assemblées du soir et celles que, pendant l'été, il tient en pleine campagne le dimanche après-midi. L'affaire se corse aussi Neff doit aller à Paris pour justifier son action devant le Consistoire. Mais pendant son absence le Réveil s’est étendu à un point tel que les croyants organisent eux-mêmes des assemblées chez eux. A son retour, Neff poursuit son œuvre avec le même zèle et le même succès. Il juge cependant alors nécessaire d’être ordonné par une église officielle, ne serait-ce que pour faciliter son insertion dans une église protestante très sensible au formalisme ecclésial.

Cependant, n'ayant fait aucune étude régulière, il doit aller chercher cette ordination auprès des églises indépendantes d'Angleterre qui exigent moins de connaissances et privilégient la ferveur et la profondeur spirituelle. Félix Neff part donc pour Londres où il est consacré le 19 mai 1823 dans la chapelle congrégationaliste de Poultry. Il ne s’attarde pas dans la capitale britannique et, dès le 28 mai il est à Paris, envisageant même de rejoindre Mens le plus vite possible. Il y restera cependant jusqu’au 28 juillet parce qu’entre temps il a reçu de très mauvaises nouvelles pour son avenir pastoral dans le Trièves.

Pendant l’absence de Neff le pasteur Raoux n’a cessé d'intriguer contre lui. Opposé aux convictions et aux méthodes de Neff, mais ne pouvant le combattre sur ce terrain, il espère le faire éloigner en montant une cabale politique. Professant lui-même des opinions très royalistes, il présente Neff comme « l'envoyé du parti anglais pour aliéner les Français du gouvernement et des Bourbons ». Neff est même dénoncé à la police générale de Paris et le préfet de l'Isère est saisi de l’affaire. Le pasteur Bonifas, de Grenoble, outré et effrayé, conseille à Neff de ne pas revenir. « Le préfet, lui écrivit-il, est dans de telles préventions qu'il parle de vous faire arrêter si vous venez dans le département de l'Isère et de ne point vous souffrir. Blanc, également, redoute le retour de Neff et lui demande d'y suseoir. Bien plus, on averti Neff qu'il serait tué s'il retournait à Mens !

 

Pour plus d'information sur Félix Neff, nous vous conseillons la lecture du livre : "Félix Neff : l'apôtre des Hautes Alpes" par S. Lortsch récemment réédité :

http://editionsampelos.com/felix-neff-lapotre-des-hautes-alpes-par-s-lortsch/

Neff ne se laisse cependant pas intimider et le 28 juillet il est de retour à Mens où il reçoit un accueil enthousiaste, les habitants n’hésitant pas à faire des kilomètres pour venir entendre ses sermons. Il fait cependant tout pour empêcher que ce retour ne soit perçu comme un triomphe personnel et il évite de présider des réunions de veillée. Très vite, il comprend qu’il doit renoncer à toute assemblée et que toute réconciliation avec Raoux est impossible. Il fait alors dire au préfet que le Consistoire allait chercher un autre pasteur et qu’il était prêt à se retirer. Neff quitte Mens à la fin d'août 1823. Pendant le mois de septembre, il visite les églises de Bourgoin, Vienne, exhorte par lettre les Mensois, et se tient en contact avec eux. Il fait aussi une excursion dans la Haute-Drôme et un court voyage à Lyon. C’est alors qu’on lui propose deux postes, un dans les Hautes-Alpes, un autre près de Montpellier. Neff n’hésite pas très longtemps et dès la fin septembre il choisit les Hautes-Alpes car : « Dans les Alpes, je serais seul pasteur, et par conséquent libre; dans le Midi, entouré de pasteurs, la plupart amis du monde, je serais sans cesse inquiété ».

 
 
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